Le blues des agents communaux

  • Commentaires de la publication :0 commentaire
  • Temps de lecture :7 min de lecture

LA FONCTION PUBLIQUE, OBJET DE TOUS LES FANTASMES

En France il y a deux mondes : le publique et le privé. Dans l’imaginaire collectif le secteur privé rassemble des chefs d’entreprises dont les préoccupations principales sont la gestion des salariés, et la réalisation de gains. Le secteur publique est plus mitigé. D’abord, si l’on en est pas issu ou directement acteur, (et qu’on a pas fait des études de droit), la distinction entre collectivités, mairies, fonction territoriale, hospitalière, départementale, éducation nationale ou service public demeure floue et entre directement dans le grand sac « des fonctionnaires »pour le quidam. Ensuite, de façon plus individuelle, les statuts entre fonctionnaires de catégories A,B ou C, les contractuels, titulaires ou agents ne sont guère mieux lotis. Conçernant le travail, là encore, si le système est globalement bien connu sur les sanctions possibles en cas de « tir au flanisme aigu » dans le secteur privé, dans le public il est de bon ton de penser que les sanctions n’existent pas. Mais qu’en est-il réellement ? Prenons l’exemple d’une mairie, la France en compte 34 965, et selon les chiffres communiqués fin 2019, les agents territoriaux au service à la fois des communes, du département et de la région, représentent 1,9 millions d’agents (contre 1,1 millions pour la fonction hospitalière et 2,4 millions pour la fonction d’état (impôts, police, enseignement…)). Dans cette proportion, beaucoup des employeurs sont les mairies, faisant de leurs représentants des « patrons » indirects. Ces employés occupent des postes tels qu’agent municipal dédié à l’entretien de la commune, secrétaire de mairie, ou encore ATSEM (agent territorial spécialisé des écoles maternelles). Mais comment gérer cette multitude d’intervenants, demandant des compétences managériales et évoluant au gré des mandats ?

DE MOINS EN MOINS DE CANDIDATS POUR ÊTRE MAIRE

Chaque maire doit être entouré d’un conseil municipal, or voilà, ces activités en plus d’être chronophages font l’objet de responsabilités de plus en plus importantes à mesure que leur succès décline dans les petites communes (Haute-saône, Creuse, Nièvre…). Le maire est l’autorité de police administrative, et doit concilier son activité professionnelle avec la fonction. Or même si une rétribution est prévue, celle-ci ne suffit souvent pas à quitter son emploi pour se consacrer à plein temps à l’activité. Ce qui explique qu’aujourd’hui, certains la voient comme un geste sacrificiel et reconduisent leurs mandats presque par « obligation ». Ils sont assistés pour y parvenir, d’une/un secrétaire à plein temps ou à mi temps, mais en dessous de 3500 habitants aucune formation de base n’est obligatoire. Or gérer un village si petit qu’il soit, s’apparente à gérer une entreprise et demande des compétences variées. Dans ces compétences figure la gestion du personnel, dont certains maires prennent la charge solitaire, alors que d’autres font appel à leurs adjoints. C’est là que s’opère un conflit d’intérêt dramatique pour l’agent communal si l’expérience, la formation, ou l’entourage de ce dernier ne sont pas au rendez-vous.

SEUL « POUR » ET « CONTRE » TOUS

Le maire portant sa double casquette de chef de la commune et d’employeur, va veiller à sa bonne gestion tout en étant l’interlocuteur direct des riverains et le patron des employés et bénévoles qui l’entretiennent. Or, qui sont sont ces agents, et comment sont-ils recrutés ? Pour certains postes demandant peu de qualification, le concours n’est pas systématique, l’expérience et le profil étant laissés à l’appréciation des membres de la mairie. Autrement dit, pas ou peu de formation de base exigée ni pour l’employeur ni pour l’employé…Une fois l’adjoint technique recruté, si en principe une fiche de poste doit être fournie avec un planning et un cadre défini, pour peu que l’équipe directive soit débordée celle-ci passe à l’as. Ainsi on va demander à l’agent d’entretenir la commune de façon « autonome »sans qu’il n’ai nécessairement d’expérience, avec peu de précision ni cadre. Puis le maire va continuer sa gestion quotidienne prenante consistant notamment à écouter les plaintes et observations des riverains qui commenceront à parler du travail de l’agent. Tantôt bien fait, tantôt mal fait, tantôt surpris à s’arrêter, tantôt surpris à rigoler….à en faire part au maire parfois avec véhémence. Celui-ci pris en défaut dans la gestion de son employé et de l’image qu’il donne de la commune alors même que celle-ci est entretenue par l’imposition collectée auprès des administrés, il en sera agacé. D’autant plus qu’il en va de son éléctorat. Celui-ci fera alors des mises au point avec son agent qui tentera de se justifier entre la prestation demandée, les donneurs d’ordres différents (élus, adjoint, maire, secrétaire…), la quantité de travail peu hiérarchisée et le fait que ses faits et geste soient rapportés insidieusement. Le tout s’envenimant inévitablement pour conduire au départ de l’agent. Quelques temps plus tard, c’est une assignation qui sonnera le glas de la fin de collaboration et laissera la mairie dans la plus parfaite incompréhension.

LA MEDIATION, REPONSE APAISANTE A UN FIASCO COURU D’AVANCE

La médiation sera prescrite durant la procédure par le juge ou à la demande des parties. C’est lors des entretiens individuels que celui-ci comprendra ce qui s’est joué dans ces tranches de vie, ayant conduit des personnes qui s’appréciaient à se détester. Il est toujours plus pratique pour l’homme de trouver des explications apparentes et déresponsabilisantes. Néanmoins, on a souvent pas conscience que cette explication souvent blessante est réciproque, et va blesser autant l’égo de l’un que celui de l’autre. Avoir la possibilité de réfléchir aux explications souvent « pratiques » qui ont conduit à créer un malentendu permet de s’affranchir de la loi des responsabilités. De cette façon la recherche de solutions n’est plus axée sur « la faute d’une personne ayant causé la situation » mais sur le contexte et les moyens de trouver une issue entendable et acceptable pour chacun.

Cabinet SOS MEDI’AGIR

Médiation pour professionnels publics et privés en Franche-comté

9 rue Albert Camus, 90000 BELFORT

www.sosmediagir.fr

Laisser un commentaire